Berlin de notre, correspondante.
Les «progressistes» sont devenus légion: les six chefs d'Etat et de gouvernement qui s'étaient rassemblés à Florence en novembre dernier pour un premier «sommet des modernisateurs» sont entretemps devenus quatorze, arrivés vendredi soir à Berlin pour une nouvelle réunion intitulée «Gouverner moderne au XXIe siècle». Le petit cercle d'origine, destiné à s'échanger des recettes de «modernisation» et développer des éléments de théorie à l'usage de gauches qui gouvernent au pragmatisme, s'est transformé en grand carnaval afro-américo-pacifico-européen. Aux six d'origine, l'Américain Clinton, l'Allemand Schröder, le Britannique Blair, le Français Jospin, l'Italien D'Alema (entretemps remplacé par Giuliano Amato) et le Brésilien Cardoso se sont ajoutés cette fois le Sud-africain Mbeki, le Chilien Lagos, l'Argentin de la Rua, le Néerlandais Kok, le Suédois Persson, le Portugais Guterres, le Grec Simitis, la Néo-Zélandaise Clark et même, à la demande des Etats-Unis, le libéral canadien Chrétien. Le cercle s'est tant élargi qu'on raconte à Berlin que Jacques Chirac a fait sonder la chancellerie pour savoir s'il ne pourrait pas lui aussi se faire inviter, histoire de ne pas laisser Jospin poser seul parmi les grands réformateurs de ce monde.
Cette ronde colorée fera oublier, espère-t-on à Berlin, le grand absent de la fête: Tony Blair. Le Premier ministre britannique, jadis pionnier de la «rénovation» de la gauche, a préféré rester chez lui, s'occuper de