Washington, de notre correspondant.
Par paresse ou par politesse envers une superpuissance disparue, les rencontres entre les présidents américain et russe sont toujours qualifiées de «sommet» et les entretiens ce week-end entre Clinton et Poutine n'échapperont pas à l'hyperbole. Mais, comme l'explique Richard Haas, ancien conseiller du président Bush et vétéran de ce genre d'entretiens, ce terme de sommet est «aujourd'hui un anachronisme datant de la guerre froide». Avec Poutine, nouveau venu sur la scène internationale, et Clinton, président en fin de règne, ce premier sommet est loin des rencontres dramatiques et historiques que savaient ménager Reagan ou Gorbatchev. «Les relations entre les Etats-Unis et la Russie ont perdu leur centralité, la Russie n'est plus une menace», affirme Richard Haas, aujourd'hui chercheur à la Brookings Institution. Prudemment, la Maison Blanche a limité les ambitions et les visées de cette rencontre. Les Américains parlent désormais d'une visite modeste, tout juste l'occasion de déchiffrer le jeune Vladimir Poutine qui avec ses 47 ans est le cadet de six ans de Bill Clinton.
Poutine, l'inconnu. «Fondamentalement, il demeure une énigme», explique Haas pour qui Poutine est «un mélange d'opportunisme, de nationalisme et un point d'interrogation». Cette dimension gêne Clinton et ses ministres qui avaient beaucoup investi dans une relation très personnalisée avec Boris Eltsine, un caractère connu à la différence de l'ancien fonctionnaire du KGB. «