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Libération

Arsenic et vieux barils au Canada. La fonte des neiges risque de disperser des tonnes de poison issu d'une mine d'or.

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publié le 5 juin 2000 à 1h23

Yellowknife, envoyé spécial.

Dans l'air frais du printemps arctique, les alarmes résonnent. Le bruit de crécelle provient du puits d'Akaitcho. Il provient également du puits C, à 4 km au sud, ou encore du cratère B2, au-delà des bassins d'épandage provisoirement scellés par la glace. L'appel, périodiquement modulé, est insistant, déchirant comme une plainte. Mais personne ne semble l'entendre. Il y a bien, à dix minutes à vol de corbeau, Yellowknife, la capitale, avec ses 17 000 habitants, et le village indien de N'Dilo, mais la stridulation paraît irrémédiablement condamnée à se perdre dans les 1 300 000 km2, quasi vides, des Territoires du Nord-Ouest. Pourtant, ce qu'elle anticipe est potentiellement l'une des pires catastrophes écologiques de la planète.

«Cet avertisseur, indique le délégué syndical Wayne Campbell, se déclenche lorsque l'eau monte dans la mine et que son niveau est trop élevé.» «Cela se produit presque inévitablement chaque printemps quand la neige fond, puis début juin lorsqu'il pleut», renchérit Yvon Bernard, qui a travaillé six ans au fond de la mine d'or «Giant». «Avec tous les trous de forage, les 20 km2 du site sont un véritable gruyère. Cela ne prendrait pas des années pour que la mine soit totalement noyée. Il y a bien de vieilles pompes, mais empêcheront-elles, au cours des prochaines semaines, l'eau d'entrer en contact avec les quelque 250 000 tonnes de trioxyde d'arsenic qui sont stockées dans une quinzaine de cavités aux parois fissurées? C'est