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Libération
Interview

«L'ETA est un anachronisme»

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publié le 8 juin 2000 à 2h02

Madrid de notre correspondant

Ignacio Sánchez-Cuenca, professeur de Sciences politiques à l'Institut Juan March à Madrid, analyse la reprise des attentats par l'ETA. Après avoir abattu successivement un militaire, un policier, un socialiste et un collaborateur de presse, les indépendantistes basques viennent d'assassiner un membre du Parti populaire (PP, au pouvoir à Madrid), la cinquième victime depuis la rupture de la trêve en décembre 1999.

Ces attentats de l'ETA répondent-ils à une logique?

Je ne crois pas que le choix des victimes puisse s'expliquer dans le détail. Pourquoi un militaire, puis un journaliste, puis un homme politique, cela relève en bonne partie des circonstances, des ressources et des opportunités de l'organisation terroriste à chaque moment. En revanche, il y a bien évidemment une logique à ce type d'attentat. En premier lieu, les victimes ne sont jamais des nationalistes. Ensuite, il me semble que ces assassinats sont destinés à exercer la pression maximale sur les nationalistes qui ne recourent pas à la violence meurtrière (c'est-à-dire le PNV, parti nationaliste modéré, qui dirige l'exécutif régional basque, ndlr). Ce que cherche l'ETA, en définitive, c'est que les nationalistes parviennent à la conclusion que le problème du terrorisme ne peut être résolu que si eux-mêmes font le pas politique de rompre avec l'Etat espagnol.

Que peut obtenir l'ETA du PNV?

Il y a eu trois phases dans l'histoire de l'ETA. Dans la première, contre le franquisme, l'ETA menait