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Libération
Reportage

«Mieux vaut vivre avec les Russes que sous la loi des montagnards»

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Au nord de la Tchétchénie, les riches agriculteurs ont choisi le compromis avec la Russie, leur puissante voisine.
publié le 8 juin 2000 à 2h01

Znamenskoïe envoyé spécial

Franchie la Terek, au nord de Grozny, s'ouvrent des plaines immenses. Une terre grasse, limoneuse, enrichie par des crues généreuses. Des champs de taille respectable où poussent le maïs, le soja, le blé et le colza. Les tracteurs, déjà, sont au labour. Sur les jachères, paissent de beaux troupeaux. Bovins et caprins. Des oies autour des mares. Dans le grenier de la Tchétchénie, la guerre parait à des années-lumière. Partout, les villages sont intacts. Les fermes fonctionnent. La résistance, c'est l'affaire des petits paysans des montagnes du sud. Les agriculteurs aisés des environs de Znamenskoïe ont de longue date choisis le compromis avec le trop puissant voisin russe. L'une des innombrables variantes de la fable du chien et du loup. Un collier et une chaîne pour une vie domestiquée. Ici, on ne se bat pas. On collabore. Quitte à s'en plaindre entre la poire et le dessert.

Administration «tchétchénisée». «Oui, nous sommes prorusses», admet Baïla Kassaïeva, directrice d'un orphelinat qui recueille des enfants de Grozny, «parce que j'ai perdu un mari, que mes deux fils sont morts. Parce que les Tchétchènes ont de belles traditions et que la guerre, la radicalisation, l'islamisme, sont entrain de les détruire. Parce que nous avons compris que la Russie est un pays énorme et qu'il est inutile de la combattre. Parce que mieux vaut ce pouvoir soumis qui paye nos salaires, nourrit mes orphelins, que celui d'avant, qui ne nous donnait rien. Ce qu'il faudra