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Libération

Procès à la chaîne pour l'Armée du Liban Sud

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Depuis lundi, la justice se montre plutôt clémente avec les collaborateurs de Tsahal qui se sont rendus.
publié le 9 juin 2000 à 2h03

Beyrouth envoyé spécial

La statue qui monte la garde devant le tribunal militaire de Beyrouth ne doit guère rassurer les prévenus. Le soldat est botté et casqué mais, au lieu d'étreindre un fusil ou de sonner du clairon, il brandit la balance de la justice, qui a l'air bien fragile dans sa lourde poigne. Sur le côté du bâtiment, des parents cherchent des noms sur des listes, celles des miliciens de l'Armée du Liban-Sud (ALS, les forces supplétives de l'armée israélienne dans l'ex-zone occupée) qui doivent comparaître. A l'intérieur, les magistrats militaires jugent chaque jour, depuis lundi, les collaborateurs de Tsahal qui se sont rendus ­ quelque 1 500 personnes ­ par fournées de 40 à plus de 70 personnes. Etrange justice, qui ne s'embarrasse guère de procédure mais se montre aussi plutôt clémente. Jusqu'à présent, les peines prononcées n'ont pas dépassé cinq ans de prison, allant le plus souvent de un à trois ans.

«Dans le même sac». La justice militaire est si expéditive qu'il arrive, lorsqu'un accusé est appelé à la barre, que les avocats se demandent : «Celui-là, c'est le tien ?»Trop nombreux, les prévenus s'entassent sur les bancs réservés au public. «C'est une parodie de justice. On juge les gens collectivement alors qu'il faudrait le faire au cas par cas. C'est très bien si l'orientation adoptée est la clémence, mais il faut assurer un procès équitable. Or, les avocats n'ont pas le temps de défendre leurs clients, s'insurge Habib Nassar, un avocat militant des droits