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Libération

Jésus, fils d'Egypte... aussi

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Un spectacle vise à réévaluer touristiquement les sites chrétiens.
publié le 10 juin 2000 à 2h05

Le Caire de notre correspondante

Sur une barge au bord du Nil, au sud du Caire, des décors ocre et beige reconstituent temples pharaoniques et villages. Coup de cymbales. Sous les lasers, des centurions en jupette rouge défilent, épée à la main. Un Hérode grimaçant ordonne le massacre des nouveau-nés, puis les scènes s'adoucissent: dans les bras de sa mère, Jésus entre en Egypte. «L'enfant est gentil, il fait des miracles», chantonne en substance un choeur de Cléopâtres peinturlurées.

A la pointe de la technique, le spectacle «Bénis mon peuple, Egypte» entend célébrer les deux mille ans du passage de la Sainte Famille. Fuyant la colère d'Hérode, elle va parcourir pendant quatre ans la terre de pharaon, du désert du Sinaï à Assiout, en Moyenne-Egypte. Parmi les spectateurs, des ministres, des hommes d'affaires coptes et musulmans ­ sponsors du projet ­, et surtout Mohamed Tantawi, cheikh de la mosquée d'Al-Azhar ainsi que le patriarche copte orthodoxe Chenouda III. Re-cymbales. Sur un écran géant déployé au-dessus du fleuve, une croix et un croissant s'illuminent et se rejoignent. La croix entourée du croissant, le symbole d'une Egypte à laquelle veut croire le ministre du Tourisme Mamdouh el-Beltagui: «Notre pays a été et demeure une terre d'asile, de coexistence et de paix. L'unité du peuple égyptien, musulmans et coptes confondus, est le pivot de notre Etat-nation.»

Désengorger les sites pharaoniques. Car derrière le spectacle se cache un double message. Il s'agit tout d'abor