Menu
Libération

On torture toujours en Tchétchénie

Article réservé aux abonnés
Amnesty dénonce les exactions russes, non sanctionnées.
publié le 10 juin 2000 à 2h05

Moscou de notre correspondante

Alors que Vladimir Poutine rencontre les grands de ce monde, l'armée russe poursuit ses atrocités en Tchétchénie. Amnesty International vient ainsi de publier les témoignages d'ex-détenus du «camp de filtration» d'Ourous-Martan prouvant que, malgré la victoire proclamée, la répression ne faiblit pas.

Le 6 mai dernier, Zelimkhan ­ un nom d'emprunt, le témoin ayant peur d'être cité ­ est arrêté à Ourous-Martan par une quinzaine d'Omon (forces spéciales du ministère de l'Intérieur). Agé de 20 ans, il est soupçonné d'être un combattant tchétchène. Emmené à l'écart et forcé de s'agenouiller nu, il est d'abord battu pendant deux heures pour lui arracher une confession écrite. Mais il refuse.

Viols. Zelimkhan est alors conduit au «camp de filtration» (lieu de détention où sont interrogés les «suspects» tchétchènes) d'Ourous-Martan, surnommé «l'Internat» car il a été aménagé dans un ancien orphelinat. «L'un des enquêteurs s'appelait Vassili, raconte-t-il. Je l'ai entendu donner un ordre: "On va le lui faire." Et ils ont commencé à m'introduire des matraques en bois. Je pleurais, j'appelais à l'aide, je souffrais tellement. Je me suis évanoui plusieurs fois. L'un d'eux a dit: "On va te rendre incapable de faire des enfants".»

La séance de viol dure deux heures. Quatre ou cinq Omon y participent, utilisant aussi les crosses de leurs mitraillettes. Ses tortionnaires s'acharnent sur les parties génitales. Plusieurs fois par jour jusqu'à sa libération le 13 mai