Montréal, de notre correspondant.
Il y a sept ans, en Croatie, les officiers de la compagnie Delta des Forces armées canadiennes terrorisaient tellement leurs soldats que ces derniers ont cherché, à maintes reprises, à se débarrasser d'eux, révèle un récent rapport d'enquête. Convaincus que leurs supérieurs les poussaient à exposer inutilement leur vie, plusieurs soldats avaient entrepris de creuser des tombes à l'intention de leurs officiers et s'étaient équipés de cartouches supplémentaires pour les tuer si l'occasion se présentait. «Cela ressemblait à un mauvais film de John Wayne», a résumé le capitaine Kelly Brett, l'un des deux médecins militaires alors attachés au corps expéditionnaire canadien.
Le caporal Atkins, infirmier dans cette unité, a pour sa part expliqué qu'une nuit le chef de bataillon, en état d'ébriété, avait déclaré à ses troupes qu'il souhaitait «les mener au combat et mourir glorieusement avec elles». Ce dernier avait alors dégainé son arme et tiré, provoquant un véritable branle-bas de combat parmi les sentinelles qui avaient cru à une attaque. Un peu plus tard, il avait déclaré qu'il abattrait «comme un chien» une recrue qui s'était tailladé les poignets si on la ramenait dans son unité.
Mais la rébellion la plus constante a été menée contre l'adjudant Matt Stopford. A plusieurs reprises, des hommes du peloton qu'il commandait ont versé de l'antigel, du naphta et du cirage à chaussures dans le café de ce va-t-en-guerre dans l'espoir de le rendre malade