Une mission de la FIDH (Fédération internationale des ligues de droits de l'homme), dirigée par son président Patrick Baudoin, a séjourné onze jours fin mai-début juin en Algérie et s'est rendue à Oran, Relizane, Constantine, Tizi, Blida… C'est la première fois que la FIDH a été autorisée à revenir dans ce pays depuis sa première mission en avril 1997. Alger avait «invité» quatre organisations humanitaires internationales interdites de séjour depuis plusieurs années au moment où se réunissait à Genève la Commission des droits de l'homme de l'ONU et peu avant le voyage d'Abdelaziz Bouteflika à Paris. Bilan de Patrick Baudoin.
Comment s'est déroulée votre mission?
Nous nous félicitons d'avoir pu renouer le dialogue avec les autorités algériennes. Mais nous déplorons la campagne de presse virulente qui a mis sans cesse en cause l'un d'entre nous. Nous avons été constamment surveillés, peut-être de manière plus pesante qu'en 1997. Nous étions écoutés, comme l'a montré un article de presse reprenant une discussion que j'avais eue la veille avec un membre de la mission dans la chambre de notre hôtel… Mais surtout, et alors même que la violence a diminué, nous sommes rarement revenus d'une mission aussi meurtris par ce que nous avons vu et entendu. Nous avons rencontré, outre des personnalités politiques et des avocats, les familles de toutes les victimes, celles du terrorisme comme celles des «disparus» enlevés par les forces de sécurité. Les témoignages de ces victimes, y compris de celles des groupes d'autodéfense (G