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Libération

«Bachar, nouveau capitaine qui va mener le navire à bon port»

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Lors de l'inhumation du raïs, dans son fief, la ferveur se transmet au fils.
publié le 14 juin 2000 à 2h12

Kardaha envoyé spécial

A quelques mètres de la mosquée érigée à la mémoire de la mère de Hafez el-Assad, cinq hommes vêtus de noir se frappent la poitrine à coups de poing, au rythme des slogans de la foule. Jusqu'à ce que le sang jaillisse. L'un d'eux s'évanouit et est emmené, un autre est hissé sur les épaules de ses camarades et crie, le poing levé, sa fidélité à Bachar, le prochain «raïs» de la Syrie. Un membre de la nouvelle élite de Damas, éduqué en Europe, observe la scène de loin avec une moue de dégoût : «Ça fait partie de leurs rites. N'oubliez pas que nous sommes dans leur fief.» Kardaha, à quelque 300 kilomètres au nord-ouest de la capitale syrienne, où Hafez el-Assad a été inhumé hier soir, est à la fois le village natal du président défunt, mais aussi et surtout le coeur du pays alaouite, la minorité religieuse qui contrôle depuis trois décennies tous les leviers du pouvoir en Syrie.

C'est ici que le cercueil d'Assad, après la cérémonie officielle de Damas, a été transporté pour le dernier hommage des siens. Amené par avion à Lattaquié, sur la côte méditerranéenne, le cercueil a été acheminé vers Kardaha, à 30 kilomètres de là, dans les montagnes, sur un affût de canon.

Haie d'honneur. Tout le long de la route, des policiers ont constitué une gigantesque haie d'honneur. Mais à Kardaha, leurs uniformes bien repassés ont cédé la place aux treillis et aux kalachnikovs de la garde républicaine, l'unité d'élite du régime baasiste. L'accès à la mosquée est réservé aux p