Quand Jean-Marc Ayrault, patron des députés PS et proche de Lionel Jospin, passe une consigne à ses troupes, c'est rarement par hasard. Hier, lors de la réunion du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, il ne s'est pas privé de commenter la présence de Jacques Chirac aux obsèques d'Hafez el-Assad. «Chirac aurait pu faire un service plus restreint. Il aurait pu éviter de se retrouver aux côtés des miliciens du Hezbollah», a-t-il dit notamment, en sollicitant ses élus : «Exprimez-vous !» Cohabitation oblige, c'est donc par la voix de ses députés que Lionel Jospin aura fait savoir, hier, le fond de sa pensée sur l'initiative élyséenne alors même que son ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, était à Damas aux côtés du chef de l'Etat.
A gauche, Noël Mamère (Verts) a dénoncé cette «crapule» d'Hafez el-Assad. François Loncle (PS), président de la Commission des affaires étrangères, a jugé qu'il n'est nul besoin de «cautionner ce qui a été fait» pour «jouer un rôle éminent au Proche-Orient». En revanche, Alain Bocquet (PC) a déclaré que «si la France peut aider à la paix dans le cadre de sa politique au Proche-Orient, c'est cela qui compte».
La droite n'était pas en reste dans les critiques. Certes, Jean-Louis Debré, président du groupe RPR, et Hervé de Charette (UDF), ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, ont approuvé le déplacement. Mais Philippe de Villiers (RPF) a rappelé que l'ambassadeur Delamare avait été «assassiné sur ordre» de la Syrie