«Combien tu coûtes ? Pour quelle compagnie tu travailles ?» Les bandits veulent connaître la valeur de celui qu'ils viennent d'attraper. Malheureusement pour eux, Brice Fleutiaux est un indépendant. «Eh bien alors, c'est Chirac qui va payer.» Histoire d'argent, donc. Brice est formel, ce que voulaient, au départ, ses ravisseurs, c'est une rançon : «Lorsque j'ai été enlevé, les bombardements n'avaient commencé que depuis deux ou trois semaines, aucun front n'était constitué, explique-t-il à Libération. De toute façon, ils étaient certains de gagner cette deuxième guerre comme ils avaient gagné la première. Ce qu'ils voulaient, c'est de l'argent.»
«Informé en temps réel.» Avec un sourire qui serait radieux s'il n'était fatigué, Brice Fleutiaux se laisse caresser par le soleil parisien. Mais il veut raconter. Ses deux premières semaines de séquestration, il les a passées menottes aux poignets. Les deux suivantes dans un cachot, avec un otage géorgien qui lui apprend le russe en échange de quelques rudiments d'anglais : «On avait du temps pour ça», plaisante Brice. Puis c'est le départ dans les montagnes pour fuir des troupes russes qui ne cessent de progresser. «C'était horrible, il faisait très froid, on passait nos journées dans les tentes à ne rien faire.» En revanche, «le Français», comme l'appellent ses «hôtes», colle à l'information. «A partir de début décembre, j'ai pu suivre la guerre sur les talkies-walkies et la CB des soldats. Lorsque Bassaïev a sauté sur une mine, pa