Même si l'on parle beaucoup de «réconciliation» ces temps-ci, voire de «main tendue» par l'Algérie à ceux qui s'appellent toujours «Français d'Afrique du Nord», les pieds-noirs n'attendent pas grand- chose de la visite du président Bouteflika. C'est qu'ils ont plus de comptes à régler avec l'Etat français qu'avec son homologue algérien. Propos croisés, recueillis à l'occasion du «Rassemblement 2000 des Français d'Afrique du Nord et d'outre-mer», ce week-end à Cagnes-sur-Mer.
Alain Timsit (président de l'association organisatrice):
«La "réconciliation", pourquoi pas? Mais le temps qu'elle se fasse, beaucoup de ceux qui ont vécu les événements auront disparu. Car il y a un certain nombre de préalables. Il ne s'agit pas de se réconcilier à la va-vite, de la même manière qu'on a quitté ce pays qui était le nôtre. Il faut tout d'abord que soient appliqués les accords d'Evian, qui ne l'ont jamais été. Il faut la reconnaissance de l'oeuvre civilisatrice française en Algérie: ce qui y reste, c'est nous qui l'avons fait, pas les porteurs de valises et les donneurs de leçons. De ce côté, nous avons été diabolisés trop longtemps, la France doit faire amende honorable. Ensuite, il faut la libre circulation des Français musulmans [les harkis] et de leurs enfants en Algérie. Une fois qu'on aura ces premiers pas, pourquoi ne pas discuter? Mais ça doit se passer dans le cadre des instances légales de la République. Quant à moi, je ne peux même pas prononcer le nom de ce Prési