Damas envoyé spécial
Le «collabo» était là, celui que l'on appelle aussi à Damas le «traître à la cause arabe» et que, récemment encore, le ministre syrien de la Défense Moustapha Tlass et ami intime du président défunt avait osé qualifier publiquement de «fils de 60 000 putains». Yasser Arafat, en éternel funambule, en «acrobate», selon l'expression d'un journaliste syrien, est venu rendre un dernier hommage à son vieil ennemi, à celui qui a cherché tant de fois à l'éliminer du jeu politique. Après avoir récité la «Fatiha» (le premier verset du Coran, qui proclame l'unicité de Dieu) sur la dépouille, le chef de l'Autorité palestinienne est allé s'asseoir et discuter avec Bachar, le fils du défunt.
Le baiser. La télévision syrienne a montré les deux hommes se serrant longuement la main, puis discutant pendant plusieurs minutes, en buvant du café. Enfin, il y a eu cette image inimaginable du temps de Hafez el-Assad : Arafat attirant à lui le front du fils de son ennemi pour y déposer un baiser. Comme l'accolade d'un père.
Il a fallu la mort d'Assad pour que l'on revoie à Damas Yasser Arafat. Si le défunt président haïssait Abou Ammar (surnom d'Arafat), c'est parce que ce dernier n'avait jamais accepté la mainmise du Syrien sur la cause palestinienne. Le sang avait même coulé, notamment à Tall Zaatar, pendant la guerre civile libanaise, lorsque l'armée syrienne avait aidé les milices chrétiennes à anéantir ce camp palestinien. La discorde s'était encore envenimée avec la signatur