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Libération

Paris consacre Bouteflika.

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Le président algérien a plaidé pour une réconciliation à l'Assemblée nationale.
publié le 15 juin 2000 à 2h14

«Monsieur le président de la République algérienne», a dit l'huissier. Il était 17h15, et Abdelaziz Bouteflika, petit cartable à la main, est entré dans un hémicycle clairsemé où nombre d'élus de droite manquaient à l'appel. Dans un silence total, il a salué Lionel Jospin, les membres du gouvernement et les personnalités présentes. Près de quatre décennies après la fin de la guerre d'Algérie, le morceau de bravoure d'une visite d'Etat faite pour «sceller le réchauffement des relations entre la France et l'Algérie» pouvait commencer. Abdelaziz Bouteflika s'y est livré en évitant soigneusement un one-man show qui conforterait l'image qui lui a tant profité, avant de le desservir: celle d'un homme emporté et aimant trop les effets de manche. Du coup, le chef de l'Etat algérien a égrené, face aux députés, son discours sur un ton presque monocorde et sans jamais lever les yeux d'un grand cahier.

Dette morale. Neuvième chef d'Etat étranger à intervenir au Parlement depuis que cet usage a été instauré, en 1993, par Philippe Séguin, Bouteflika a écouté, avant d'intervenir lui-même, les mots de «réconciliation» et de «fraternité» prononcés par Raymond Forni qui, d'une formule, a résumé la volonté française de dépasser la guerre d'indépendance. «Chacun, a dit le président de l'Assemblée, doit honorer ses morts et respecter ceux de l'autre.» Abdelaziz Bouteflika a rappelé, lui, la dette morale «ineffaçable et imprescriptible» de la «colonisation qui a apporté la liberté à l'Algérie mais