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Libération
Interview

"L'Europe doit se constituer une avant-garde"

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Jacques Delors, ancien président de la Commission, évoque l'élargissement:
publié le 17 juin 2000 à 1h33

Pour Jacques Delors, la Fédération européenne, c'est pour bientôt. L'ancien président de la Commission européenne (1985-1995) se dit persuadé qu'avant 2005 la menace de dilution que fait peser l'élargissement de l'Union poussera les pays les plus engagés dans la construction communautaire à faire un saut qualitatif en se constituant en une "Fédération d'Etats-nations", un concept que les ministres des Affaires étrangères allemand, Joschka Fischer, et français, Hubert Védrine, ont d'ores et déjà repris à leur compte. Il propose, dans l'entretien qu'il a accordé au quotidien suisse le Temps et à Libération, une architecture originale pour faire fonctionner ensemble la "petite" et la "grande" Europe. Une contribution importante à la veille du sommet européen de Feira (Portugal) qui, lundi et mardi, doit décider l'étendue de la réforme des institutions qui sera actée à Nice, en décembre.

Regrettez-vous le manque d'enthousiasme des autorités françaises à l'égard du discours de Joschka Fischer?

Tous ceux qui regrettaient qu'on ne réfléchisse pas à la finalité de l'Europe ne peuvent qu'être satisfaits de voir que le débat est enfin ouvert. Souhaitons maintenant qu'il ne soit pas enterré. Mais la France, à la veille de sa présidence de l'Union, se doit de privilégier le consensus entre les Quinze. Lui demander de signer avec l'Allemagne un texte sur l'avenir des institutions européennes reviendrait à lui couper les jambes. C'est pourquoi je peux comprendre que les autorités françaises, malgré un accueil plutôt favorable au discours de Fischer, aient tenu à distinguer ce qui peut être réal