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Libération

La neutralisation de Media Most, objectif du Kremlin

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Son patron, Goussinski, a été assigné à résidence.
publié le 17 juin 2000 à 1h33

Moscou de notre correspondante

Vladimir Goussinski, le patron du groupe de presse Media Most, a été inculpé vendredi d'escroquerie. Le soir, il aurait néanmoins été remis en liberté provisoire avec interdiction de quitter Moscou, si l'on en croit l'agence Interfax. Cette décision aurait été prise par les enquêteurs du bureau du procureur général. Après le tollé déclenché par l'arrestation du magnat de la presse, Vladimir Poutine avait déclaré jeudi à Berlin qu'il jugeait "excessive" l'incarcération du patron de Media Most, précisant toutefois qu'il ne pouvait l'empêcher. Depuis le début, Poutine joue les innocents et souligne "l'indépendance" de la Procurature (le parquet), contre toute évidence: le parquet est connu pour refermer les dossiers gênants pour le pouvoir.

Même s'il jette du lest, le pouvoir russe semble toujours décidé à continuer ce qui ressemble de plus en plus à une opération de neutralisation d'un ennemi dont les médias osaient critiquer le Kremlin. "Une autre équipe est arrivée au pouvoir. Des personnes qui ne s'estiment pas liées par la loi et qui veulent atteindre leurs buts à tout prix", affirmait dans l'après-midi l'un des avocats de Goussinski, parlant à la sortie de la prison.

Un piège. Goussinski est "en bonne forme et prêt au combat", a indiqué son avocat. Mais, conscient du sérieux de l'affaire, il a demandé à sa famille de ne pas rentrer en Russie. Tout au long de sa détention, les autorités pénitentiaires ont souligné le traitement de faveur dont il