Maeloba, près de Guluj (sud-ouest de l'Erythrée) envoyé spécial
Saisis par la mort en position de tireur couché, deux soldats érythréens gisent derrière le maigre couvert d'un buisson, leurs corps étrangement embrassés. L'un porte un treillis "Tempête du désert" de récupération, l'autre un banal kaki tacheté. Deux frères d'armes sans doute, déchiquetés par le même obus de mortier, voici quelques heures dans la plaine Maeloba. A l'entour, éparpillés entre les petits arbres secs, ils sont ainsi des dizaines, tombés en tentant de contenir l'assaut d'une colonne éthiopienne déferlant de la colline pierreuse, à moins de 100 mètres. Inférieurs en nombre, passablement désorganisés et submergés par la puissance de feu éthiopienne, les soldats érythréens n'ont probablement pas réussi à retenir leurs adversaires plus de quelques heures.
Ce minuscule fait d'armes, d'ailleurs, est déjà emporté par la bataille, broyé dans l'offensive lancée samedi 10 juin, à marche forcée, par l'armée d'Addis-Abeba dans le sud-ouest érythréen. Hoquet de l'histoire de cette guerre, c'est pourtant la seconde fois en l'espace d'un mois que les Ethiopiens prennent ainsi le contrôle de la région. Conquis une première fois lors de la grande offensive de mai, le sud-ouest avait en effet été évacué partiellement à la fin du mois, lorsque l'Ethiopie avait jugé sa leçon militaire correctement administrée aux forces érythréennes. Ce repli volontaire, par ailleurs, apportait à peu de frais un gage de bonne volonté dip