Menu
Libération
Analyse

La fédération fait son chemin

Article réservé aux abonnés
L'élargissement pousse à changer les règles.
publié le 19 juin 2000 à 1h37

Feira envoyé spécial

Lorsqu'un moteur est usé, faut-il le réparer une énième fois ou carrément changer de véhicule? Il y a encore un an, la quasi-totalité des Quinze semblaient persuadés que les institutions européennes - qui les ont si bien servis depuis plus de quarante ans - pourraient encore faire l'affaire pour longtemps. Et donc supporter l'élargissement à l'est en l'état : après tout, l'Union est bien passée de six à quinze Etats sans problème majeur. Pourquoi en irait-il autrement à trente? Les capitales européennes sont revenues à un peu plus de raison et ont convenu, il y a un an tout juste, que l'Union avait besoin d'une révision - mais pas plus - avant de voguer vers l'est et ses pays sans tradition démocratique. C'est l'objet de l'actuelle Conférence intergouvernementale (CIG), limitée à quatre thèmes, et qui doit se conclure à Nice en décembre 2000.

Tabou. Il y a encore deux mois, oser s'interroger sur la façon dont une Europe à trente pourrait fonctionner relevait du crime antiélargissement. Pourtant, la question est essentielle: trente pays sont-ils capables d'avoir les mêmes buts, d'accepter des partages de souveraineté parfois douloureux, en un mot de fondre leurs rêves et leurs ambitions? Il a fallu attendre le 12 mai 2000 pour que Joschka Fischer rompe enfin le tabou en proposant la création, à terme, d'une "fédération européenne". Le ministre des Affaires étrangères allemand s'est bien gardé de fournir un mode d'emploi précis: il s'est contenté d'ouvrir de