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Libération

La vie deux fois volée aux Nikonov.

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Ce couple russe accuse la police d'avoir maquillé la mort de son fils.
publié le 20 juin 2000 à 1h38

Voronej envoyée spéciale

Ce samedi soir 27 juillet 1997, Genia Nikonov est de bonne humeur. Le lendemain il fête ses 21 ans et il a invité les parents de Natacha pour sceller les fiançailles. Genia plaisante avec sa mère qui repasse sa chemise: "Bientôt ce sera

Natacha qui le fera." Vers 21 heures, fin prêt, il quitte la maison pour la discothèque du village voisin de Dzerjinski. "Que Dieu te garde!", lance sa mère sur le perron.

Genia ne rentrera pas. Il meurt cette nuit-là dans d'étranges circonstances. Sa famille affirme qu'il a été tué par la milice (police) locale qui a déguisé le meurtre en un banal accident de moto. La milice, elle, assure qu'il est décédé des suites de ses blessures après que la moto side-car "Ij" où il se trouvait se fut renversée. A l'issue d'un procès bâclé, le tribunal a tranché en faveur de la version policière. Depuis, la famille Nikonov se bat "pour que la vérité éclate".

Dans le village Boïevo, près de Voronej (environ 500 km au sud de Moscou), où vivait Genia, les parents assurent que, lorsqu'ils évoquent l'affaire, les gens tournent la tête. Dans les premiers temps, on parlait pourtant beaucoup du "meurtre" au village. Les jeunes qui se trouvaient cette nuit-là dans la discothèque racontaient la rixe qui avait éclaté entre ceux du village et ceux de la gare (ferroviaire), le coup de téléphone au commissariat, l'arrivée des miliciens éméchés, les coups de matraques, Genia qui se tient la tête...

Mais par peur de la milice, personne n'a voulu témo