Entre Ehud Barak et son allié religieux, le divorce est prononcé, mais pas encore consommé. Comme ils l'avaient annoncé, les quatre ministres du Shas, un parti ultraorthodoxe, ont présenté hier leur démission du gouvernement. La mesure ne sera effective que dans quarante-huit heures. Un compromis pourrait encore être trouvé si la volonté d'y parvenir, après deux semaines de marchandages et de surenchères, ne commençait pas à faire défaut de part et d'autre.
Elie Suissa, le ministre du Shas en charge des Infrastructures, n'a pas exclu un dernier retournement: "La balle est dans le camp du Premier ministre... Tout est sur la table. Il sait ce que nous voulons." Le parti ultraorthodoxe a cependant posé de nouvelles exigences qu'il sait inacceptables pour Ehud Barak. Le guide spirituel du Shas, le rabbin Ovadia Yossef, s'est prononcé hier pour "la préservation d'Eretz Israël", l'Israël biblique qui inclut la Cisjordanie. Il acceptait jusque-là le principe d'un compromis territorial avec les Palestiniens, afin de sauver des vies humaines.
Dans la partie de poker qui les oppose au Premier ministre, les leaders du Shas n'ont cessé de faire monter la mise. Leurs partenaires, qui les soupçonnaient d'abord de bluffer, sont de plus en plus convaincus qu'ils ont pris la décision de quitter le gouvernement quoi qu'il advienne. Ils ont d'abord réclamé le renflouement de leur réseau scolaire en faillite, puis la légalisation de leurs radios pirates et enfin un droit de regard sur le processu