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Libération

Douvres, une ville d'accueil sous tension

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L'hébergement de clandestins provoque la colère des habitants.
publié le 21 juin 2000 à 1h40

Douvres, envoyée spéciale.

"C'est pour le foot, pas par racisme", insiste Niel. Le long de la rambarde qui borde le pub The Engineer, l'homme a fixé un immense drapeau britannique. Crasseux, déglingué, ce pub, que Niel qualifie néanmoins "de droite", se trouve sur Folkestone Road, la rue où une dizaine de bed and breakfast a été réquisitionnée par le Home Office, le ministère de l'Intérieur britannique, pour accueillir gratuitement les demandeurs d'asile. Une partie des 3 705 immigrants clandestins arrêtés depuis juillet 1999 par la police des frontières de Douvres y a trouvé refuge.

De l'extérieur, Folkestone Road ressemble à une rue britannique classique. Une rangée de petits immeubles en brique rouge. "C'étaient des maisons de militaires. Ils habitaient là avec leurs familles. Avant, il y avait une importante garnison à Douvres. Mais, il y a une vingtaine d'années, ils sont tous partis. Et tout s'est dégradé", dit John. Les enseignes "B & B" sont toujours en place, mais de la musique orientale s'échappe désormais des fenêtres. Et des groupes de jeunes hommes, plutôt bruns de peau et accompagnés parfois de femmes et d'enfants, déambulent dans la rue, rebaptisée "Asylum Road" par les Britanniques. "On les appelle tous Slovaques", explique John, compagnon de beuverie de Niel.

Emeutes raciales. Il y a tout juste un an, le quartier a été secoué par des émeutes raciales qui ont duré plusieurs jours. "Il y a eu des attaques au couteau, mais pas de mort", affirme John. Quinze person