La loi islamique entrera en vigueur le premier jour du prochain ramadan dans l'Etat de Kano, au nord du Nigeria, a déclaré hier son gouverneur, Rabiu Kwankwaso. Au moins un million de personnes ont assisté à l'annonce de l'adoption de la charia, deux d'entre elles sont mortes écrasées et une cinquantaine se sont évanouies. La foule s'était regroupée dans le centre de la ville de Kano sur une esplanade réservée aux manifestations religieuses. Capitale de l'Etat du même nom et deuxième ville du Nigeria après Lagos, Kano est une grande cité antique, aux portes du Sahara, qui compte entre 5 et 8 millions d'habitants. Elle fut le théâtre, il y a vingt ans, de violents affrontements interreligieux qui ont fait plusieurs milliers de morts. Les chrétiens, regroupés dans un ghetto connu sous le nom de district de Sabon Gari, craignent que les jeunes musulmans ne voient en l'adoption de la charia une autorisation de les attaquer.
Les affrontements confessionnels, qui opposent régulièrement les deux communautés, sont en effet repartis de plus belle depuis la récente imposition de la loi islamique dans le nord du pays. C'est dans la ville de Kaduna, qui s'apprêtait à suivre l'exemple, que les heurts ont commencé le 21 février lors d'une manifestation de chrétiens protestant contre un tel projet. L'onde de choc avait ensuite atteint Aba, dans le sud-est du pays, où la communauté Ibo s'était soulevée pour venger les chrétiens tués à Kaduna, massacrant à son tour près de 450 membres de l'et