Varsovie, de notre correspondante.
Dès 5 heures du matin, la petite place du centre de Piaseczno, une banlieue riche de Varsovie, que ses habitants appellent le bazar des Russes, se remplit de "gastarbeiters", candidats au travail immigré. Même si la majorité d'entre eux sont des Ukrainiens ou des Biélorusses, les Polonais les appellent Ruskie (Russes), car avant l'éclatement de l'URSS, ils appartenaient tous à la même famille soviétique. Des sacs en plastique à la main avec quelques affaires personnelles, ils ne savent jamais où ils vont dormir. Ces hommes et ces femmes attendent leur chance, debout ou assis sur le trottoir. A chaque voiture qui s'arrête, ils se lèvent et courent pour demander au chauffeur "Praca u was jest?", "vous avez du travail"?
Il y a dix, vingt ans voire encore cinq ans, des milliers de Polonais allaient travailler au noir en Europe occidentale. Aujourd'hui, c'est la Pologne - un des anciens pays du bloc de l'Est à avoir le mieux réussi sa reconversion économique - qui est devenue un havre pour les travailleurs clandestins de l'ex-Union Soviétique. Ils seraient entre 200 000 et 500 000, selon des statistiques.
Cueillette de fraises. Une Daewoo neuve bleue foncé s'arrête près d'un petit groupe de femmes. L'homme, un paysan polonais au visage bien rouge, lance sans quitter le volant: "Pour la cueillette des fraises, un zloty par panier." Tout dépend de la taille des fruits: "Si les fraises sont grandes, c'est vite fait de cueillir un panier de deux kilos