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Libération

L'hégémonie conservatrice s'effrite lentement au Japon.

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Le PLD est donné gagnant des élections de dimanche.
par Michel Temman et Yves BOUGON
publié le 24 juin 2000 à 1h47

Tokyo correspondance

"Si tous les indécis pouvaient rester au lit dimanche..." Et une gaffe de plus! En deux mois, le Premier ministre Yoshiro Mori, nommé par défaut après l'accident cérébral de Keizo Obuchi, décédé en mai, n'a cessé de multiplier les déclarations fracassantes. Les derniers sondages publiés cette semaine laissent entrevoir le statu-quo, avec une nouvelle victoire du Parti libéral-démocrate (PLD) qui gouverne la deuxième économie du monde depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. La prudence s'impose néanmoins, car les sondages montrent également que près de 50 % des 101 millions d'électeurs nippons sont encore indécis, ne se reconnaissant dans aucun parti.

Premier ministre le plus impopulaire que le Japon ait connu depuis la guerre, avec 60 % à 70 % d'opinions défavorables, Mori continue à gaffer et persiste à utiliser la vieille rhétorique nationaliste, qui peut finalement séduire le Japon des campagnes. Fin mai, il s'est lancé dans une apologie qui n'a rien à envier aux uyoku (l'extrême droite), en déclarant que le "Japon était un pays divin avec en son centre l'Empereur". La déclaration a non seulement choqué la majorité des Japonais - profondément attachés à la Constitution de 1946 qui confine l'empereur dans un rôle de figuration -, mais plus encore l'ensemble des pays riverains.

"Ce qu'il dit depuis sa prise de fonction reflète l'opinion de la partie ultraconservatrice du PLD. Ce ne sont pas des gaffes, plutôt le fond de sa pensée", s'emporte Hiroshi