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Libération

Une dictature tombe par pans entiers.

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Les élections seront sous contrôle. Mais Mugabe ne mobilise plus les foules.
publié le 24 juin 2000 à 1h47

Harare envoyé spécial

La mauvaise nouvelle a déjà fait le tour du monde: les élections législatives de ce week-end au Zimbabwe ne seront ni libres ni équitables, mais entachées de violences et d'irrégularités. Depuis le désaveu du président Mugabe lors du référendum constitutionnel, en février, ses partisans ont pris le pays en otage, envahissant les fermes des Blancs, terrorisant les travailleurs agricoles noirs et rouant de coups quiconque affiche son soutien à l'opposition, dont 32 membres ou sympathisants ont été assassinés.

Tous les soirs à la télévision, Robert Mugabe jure, "sur la tête de [sa] mère", qu'il n'abandonnera pas le pouvoir qu'il exerce depuis vingt ans. Les nervis du régime, en premier lieu les vétérans de la guerre d'indépendance, menacent de "reprendre le maquis" en cas de défaite. Cette perspective réveille le traumatisme d'une libération conquise au prix du sang de quelque 30 000 victimes et des troubles fratricides des années 80, qui se sont soldés par 18 000 morts, tous des civils.

La bonne nouvelle, cependant, c'est qu'une dictature tombe par pans entiers, au point où même les ultimes ressorts de la haine - la race et la terre, le sang et le sol - ne mobilisent plus les foules. A Harare, là où 250 000 personnes l'avaient ovationné à son entrée en 1980, Mugabe a fustigé "le complot des Blancs et de leurs laquais noirs" devant 7 000 personnes seulement. Embarrassés, ses caudataires lui ont rappelé qu'il n'y avait pas de carburant dans le pays pour se dép