Seke envoyé spécial
Pour le moment, le maïs ou le colza chez les voisins est bien plus impressionnant que les frêles pousses sur ses planches de carottes, d'oignons, d'épinards, de tomates et de brocolis. Mais Envioleta Besa pense avoir fait le bon choix. "Si proche de la route, à moins de cinquante kilomètres de la capitale, il doit y avoir un marché pour des légumes frais, explique-t-elle. Je n'aurai pas de problème pour le transport: les gens vont s'arrêter et acheter en rentrant à Harare." Ce n'est pas pour demain. Un an et demi après avoir obtenu quelque 300 m2 de terre sablonneuse, la jeune femme n'a encore jamais récolté. "Il a d'abord fallu tout clôturer, puis construire la maison et défricher." Maintenant, il lui reste à faire venir le sourcier pour savoir où creuser un puits. "Après, seulement, je gagnerai de l'argent."
Pénurie. En attendant, divorcée et mère de deux enfants, Envioleta vit de ce que sa famille et son ex-mari veulent bien lui donner. "J'ai dû quitter le village. Il n'y avait plus de place chez mes parents." A 35 ans, elle a mis toutes ses économies dans le rêve d'un bout de terre à exploiter. Née dans une "réserve africaine", comme on disait sous l'ancien régime blanc, elle a mis à profit l'exploitation libre des "terres communales", nouvelle appellation depuis l'indépendance. Pour l'équivalent de 75 francs de "frais d'enregistrement", le chef traditionnel de la contrée lui a attribué ce lopin à cultiver. Le reste de sa mise initiale est passé dans le