Un tribunal d'Oslo doit se prononcer aujourd'hui sur la plainte de 57 tyskunge, enfants nés de soldats allemands pendant la guerre, qui réclament réparation financière pour le sort qu'ils ont subi. Une affaire qui réveille des souvenirs douloureux en Norvège.
Oslo envoyé spécial
Le cadre est trompeur. Tove Leila Strand reçoit en short dans un quartier périphérique d'Oslo. Des jardins ouvriers égaient une ceinture d'immeubles. Cabanons, pelouses, arbres fruitiers, drapeaux norvégiens hissés, ce petit bout de paradis tranche avec le calvaire qu'elle dit avoir vécu et pour lequel elle demande aujourd'hui réparation. Avec quelques dizaines d'autres tyskunge, "enfants de Boches", nés de l'union d'un soldat allemand et d'une Norvégienne durant la Seconde Guerre mondiale en Norvège, ils ont porté plainte contre l'Etat norvégien et réclament aujourd'hui de 400 000 francs à 1,6 million de francs de dommages et intérêts pour les mauvais traitements dont ils ont été victimes de la part des institutions norvégiennes. C'est le procès des Lebensborn, ces instituts "sources de vie", mis en place par Himmler pour modeler sa race pure. Ainsi, 10 000 à 12 000 enfants seraient nés en Norvège.
Assise devant une table de jardin, Leila montre une vieille photo. On y voit son père - un soldat de la Wehrmacht arrivé en Norvège en 1940, dès l'occupation du pays - et sa mère. Entre eux deux, un bébé, Leila. C'est une belle photo, un instantané de bonheur. La mère de Leila travaillait comme couturière da