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Libération

Fujian, fief des passeurs clandestins.

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La province chinoise regorge de filières pour les candidats à l'émigration.
publié le 27 juin 2000 à 1h53

Changle envoyée spéciale

Avec ou sans papiers, par bateau, en camion en en avion, il n'est pas très difficile pour les habitants de Changle de quitter la terre chinoise de leur province du Fujian à destination des Etats-Unis ou de l'Europe. Les shetou, "têtes de serpent", les passeurs affiliés aux triades, ont tissé une véritable toile sur la région : omniprésents et repérables à leur goût prononcé pour les montres en or et les bagues brillantes, ils sont toujours contactables par le bouche à oreille pour les candidats à l'émigration clandestine. Le scénario du toudu (passage clandestin) dépend ensuite de la somme investie par le candidat, paysan, pêcheur ou citadin, ni très riche, ni très pauvre, mais la tête pleine de rêves d'argent facile.

Sur la plage de Xiasha, à une vingtaine de kilomètres de Changle, des pêcheurs préparent leur jonque en attendant la marée. "En général, les têtes de serpent regroupent une vingtaine de personnes sur un bateau de pêche, la nuit. Beaucoup sont rassemblées sur l'île de Pingtan, là-bas. Un gros bateau les attend au large", raconte un pêcheur. "L'année dernière, un bateau a embarqué 40 personnes. Ils prétendaient aller directement en Angleterre. Le bateau était trop petit. Après une semaine de mer, il est revenu et la police les attendait ici", ajoute-t-il.

Multiples tentatives. Le toudu fait tellement partie de la vie à Changle que les gens en parlent volontiers, confiant leurs ambitions, racontant leurs tentatives, couronnées d'échec ou réus