Menu
Libération

Les lobbyistes français à la traîne des anglo-saxons

Article réservé aux abonnés
Ils se sont lancés tardivement sur ce marché.
publié le 27 juin 2000 à 1h54

Ne dites pas à ma mère que je suis agent d'influence, elle me croit lobbyiste. Il y a des mots que les Français n'aiment pas: "le mot influence est très fort. Je préfère lobby, plus neutre", reconnaît Serge Autuori, qui travaille au bureau d'EDF à Bruxelles. Un autre Français admet, sous couvert d'anonymat, que "notre travail, c'est du renseignement". Du sulfureux, en quelque sorte. Les entreprises françaises mais aussi les collectivités locales se sont résolues, avec retard, à faire du lobbying auprès de l'UE, mais la plupart du temps en se bouchant le nez.

Processus de décision complexe. C'est toute une culture qui doit évoluer : les patrons hexagonaux ont longtemps cru qu'il suffisait de s'adresser à leur gouvernement pour que leurs intérêts soient bien défendus à Bruxelles. Le problème est que le processus de décision dans l'UE est plus complexe qu'au niveau national: lorsqu'un texte arrive sur le bureau du Conseil des ministres européens, il est généralement trop tard pour le modifier en profondeur. En outre, la montée en puissance du Parlement européen impose de plaider sa cause directement auprès des députés. Les Britanniques, mais aussi les Américains, ont compris cela depuis longtemps: leurs réseaux leur permettent de savoir très tôt qu'un service de la Commission prépare un texte sur une question qui les intéresse. Dès ce moment, des lobbyistes appointés vont défendre le point de vue de leur entreprise afin d'infléchir le texte. Ils interviendront auprès de la Commi