La bataille entre la presse et les intellectuels, d'un côté, et le ministère de la Justice, de l'autre, continue de plus belle en Iran. Hier, c'est Ezzatollah Sahabi, le directeur de Iran-e Farda (l'Iran demain), un mensuel libéral fermé en avril, qui a été arrêté et écroué à Téhéran. On reproche à cet intellectuel, qui est aussi une des figures de l'opposition laïque, d'avoir participé en avril à une conférence à Berlin que la justice iranienne avait jugée "anti-islamique"; la réunion avait été perturbée par des manifestants, dont l'un s'était dévêtu.
Ces dernières semaines, quatre journalistes, Akbar Ganji, Machallah Chamsolvaezine, Latif Safari et Emadeddine Baghi avaient déjà été incarcérés, notamment pour des révélations concernant les "meurtres en série" d'intellectuels en novembre 1998. Au total, ce sont treize quotidiens et cinq publications réformateurs qui ont été fermés ces derniers mois par le tribunal de la presse (contrôlé par le courant conservateur). L'hodjatoleslam Ali-Akbar Mohtachémi, directeur du quotidien réformateur Bayan, fermé dimanche pour une période indéterminée pour avoir "violé les lois sur l'islam et la presse", a refusé lui de comparaître devant le tribunal spécial du clergé, dont il ne reconnaît pas la compétence. Ancien ambassadeur à Damas et l'un des fondateurs du Hezbollah libanais, Mohtachémi avait aussi été ministre de l'Intérieur du temps de l'imam Khomeiny. Figure de la gauche islamiste la plus radicale jusqu'à la victoire de Mohammed Kh