Bruxelles, de notre correspondant.
Cela devient presque banal par les temps euroenthousiastes actuels. Jacques Chirac a, en effet, appelé à la rédaction d'une "Constitution européenne". Pourtant, personne n'aurait pu imaginer, il y a encore quelques semaines, qu'il brandirait ainsi l'étendard de la "refondation institutionnelle de l'Union". Qu'on se souvienne: c'était à la fin de l'année dernière. Lorsqu'on les interrogeait sur l'avenir de l'Europe, les autorités françaises répondaient qu'il fallait être pragmatique et surtout ne pas "charger la barque" de la Conférence intergouvernementale (CIG) destinée à réformer les institutions communautaires. On expliquait doctement qu'une Union élargie à vingt ou trente Etats pourrait parfaitement fonctionner, au prix de quelques aménagement minimes. Toute idée de "refondation" était hérétique.
Au Panthéon. Le pourtant très prudent rapport des "sages" remis le 18 octobre 1999 à la Commission, sur "Les implications institutionnelles de l'élargissement", avait été proprement exécuté par Pierre Moscovici, le ministre français des Affaires européennes. Son crime? Avoir osé envisager une réforme en profondeur avant l'élargissement, et, en particulier, l'élaboration d'une "Constitution"... A l'époque, toujours, la Commission avait déclenché l'ire de la France en osant simplement proposer que la CIG porte non seulement sur la composition de la Commission, l'extension du vote à la majorité qualifiée au sein du Conseil des ministres et le rééqui