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Libération

Quarante ans après, un tabou diplomatique tombe.

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L'embargo sur la nourriture et les médicaments à destination de Cuba a été allégé.
publié le 29 juin 2000 à 1h56

Washington, de notre correspondant.

Cruelle ironie pour les anticastristes américains: la Cour suprême a laissé le petit Elian rentrer avec son père à La Havane le jour où, pour la première fois depuis quarante ans, la Chambre des représentants allégeait l'embargo contre Cuba. L'affaire Elian, qui, depuis sept mois, a occupé télévisions, talk-shows, et mobilisé comme jamais les Cubains de Miami et la vieille garde conservatrice américaine, a finalement tourné à l'avantage de Fidel Castro, avec le consentement tacite de la Maison Blanche qui, depuis huit ans, cherche à normaliser ses relations avec le vieux dictateur. Comme l'avait écrit Charles Krauthammer, un éditorialiste conservateur, l'affaire Elian est "une bataille des temps de la guerre froide qui est arrivée dix ans trop tard".

Menace négligeable. Emue par le sort du petit naufragé, l'Amérique ne s'est pas pour autant mobilisée pour que le petit Cubain reste aux Etats-Unis. Au contraire, une majorité des Américains, selon tous les sondages, s'est vite déclarée en faveur du retour au pays du gamin et de son père, malgré tous les battages médiatiques. Ces mêmes sondages montrent qu'une majorité similaire souhaite un rapprochement avec Cuba. Depuis l'effondrement de l'URSS, Castro, maître d'une île en total effondrement économique, ne fait plus figure d'ennemi numéro un. Une analyse partagée par l'establishment militaro-diplomatique des Etats-Unis. Une étude récente du ministère de la Défense concluait que Cuba constituai