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Libération

A Chimalhuacan, la ""louve"" du PRI fait régner sa loi.

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publié le 30 juin 2000 à 1h58

Chimalhuacan, envoyé spécial.

Sous le grand chapiteau municipal, on n'avait jamais vu cela. Devant un parterre d'environ 15 000 femmes de tous âges, des "sexy boys", tout droit venus du cabaret le plus chaud de Mexico, se livrent à un strip-tease dans les règles de l'art. Avant le geste ultime, les cinq culturistes tournent le dos au public et, sur leurs caleçons alignés, on peut lire: "Vota PRI". Traduisez: "Votez pour le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI)". Coût de ce show: 300 000 pesos (environ 200 000 francs). C'était le 21 juin dernier. Officiellement, il s'agissait de célébrer, avec près d'un mois de retard, le jour de la fête des mères et, au nom de l'égalité des sexes, d'"offrir aux femmes un genre de divertissement d'ordinaire réservé à la gent masculine". Pourtant, à l'approche des élections de dimanche, l'intention des dirigeants locaux du PRI n'a pas trompé grand monde.

Déshéritée. Ici, à Chimalhuacan, gigantesque ville-dortoir d'un million d'âmes, à une heure de route de la capitale, l'hégémonie du parti est un fait acquis. Le PRI dirige sans discontinuer le Mexique depuis 71 ans et Chimalhuacan a toujours été l'un de ses bastions les plus fidèles. La ville fait peine à voir. Outre les alentours colorés de la jolie église coloniale de Santo Domingo, ce ne sont que routes en sable défoncées, maisons en parpaings jamais achevées, fils électriques pendants. Faute de travail, la plupart des habitants s'en vont chaque jour vers la capitale vendre des babioles,