Moscou de notre correspondant
Derrière les beautés de Samarkand, Boukhara et Khiva, l'Ouzbékistan cache un pays despotique où quiconque s'oppose au président Karimov - réélu en janvier au terme d'élections désavouées par les observateurs occidentaux - est tôt ou tard considéré comme un criminel ou un fondamentaliste musulman. C'est ce qui est arrivé à l'écrivain ouzbek Mamadali Makhmoudov, condamné à quatorze ans de prison en août 1999, avec cinq autres personnes, pour avoir apporté son soutien au parti d'opposition Erk (désormais interdit). Erk veut dire liberté en ouzbek. En langue Karimov, être pro-Erk se traduit par "participation à un mouvement criminel" et "insulte au président de l'Ouzbékistan".
Tortures. Lors de son procès, l'écrivain dénonça les tortures dont il était victime en prison. Depuis mai, Makhmoudov a été transféré dans la prison située au nord de la ville de Jaslyk, connue pour être un endroit d'où personne ne revient. Là, les tortures continuent avec plus de vigueur encore. L'association Human Rights Watch, qui rapporte ces faits, affirme que l'écrivain est en danger de mort.
A 57 ans, Makhmoudov est une figure centrale de la littérature ouzbek, "une sorte de Tolstoï ou de Victor Hugo", dit un représentant du Pen-Club russe. Sous le régime soviétique, ses écrits étaient censurés. Quand le pays est devenu indépendant, le gouvernement ouzbek lui a décerné le prix Cholpan (du nom d'un poète mort dans les geôles staliniennes) pour son roman les Falaises immorte