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Libération

Bouteflika ameute ses troupes

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De retour d'Israël, une délégation algérienne a été violemment prise à partie.
publié le 4 juillet 2000 à 2h47

Encore une fois, le président Bouteflika a fait l'impossible en Algérie: depuis une semaine, il a réussi à transformer la visite de quelques universitaires et journalistes algériens à Tel Aviv en une tragédie de bruit et de fureur, un fait de "trahison", "un acte de violence qui nourrit le terrorisme".

Toujours prompte à se faire l'écho des joies ou des colères du prince, la majorité de la classe politique et des organismes affiliés au pouvoir s'est donc déchaînée comme jamais. Le ministre des PME-PMI demande des "sentences exemplaires", Mahfoud Nahanh (islamiste institutionnel) "des poursuites judiciaires", l'historique FLN crie "au complot".

Le déferlement a atteint jusqu'aux Scouts algériens qui dénoncent une "atteinte à la souveraineté nationale". Face à ce lynchage, et par crainte de "représailles", un comité de soutien aux dix voyageurs s'est créé ce week-end dans le milieu médiatico-intellectuel algérien qui hurle lui aussi au complot, mais "contre la presse". "Révolté au plus haut point par les propos de Bouteflika", le syndicat des journalistes (SNJ) tient meeting sur pétition et les principaux quotidiens du pays ont entamé une campagne de boycott des manifestations officielles.

Hier soir, en descendant de l'avion, la malheureuse délégation s'est donc retrouvée encadrée, d'un côté par les membres du comité, de l'autre, par une centaine de manifestants hurlant "presse juive" et "harkis".

La tournure prise par cette affaire aurait pu être compréhensible dans une Algérie,