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Libération

L'humour, pas la guerre

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Parti des collèges et universités serbes fin 1998, le mouvement de contestation continue son travail de sape du régime Milosevic. Des milliers de militants, partisans de la désobéissance civile, multiplient les happenings pacifiques pour montrer aux Serbes qu'il ne faut pas avoir peur de s'exprimer.
publié le 4 juillet 2000 à 2h47
(mis à jour le 4 juillet 2000 à 2h47)

"Bonjour, je suis terroriste et je suis venue me rendre, arrêtez-moi!" Début mai, Jelena Urosevic se présente à l'entrée du commissariat de Kragujevac, une ville de 180 000 habitants située à 150 kilomètres au sud de Belgrade. La veille, le pouvoir a qualifié le mouvement Otpor d'"organisation terroriste dangereuse pour l'ordre public". Comme des centaines d'activistes de ce groupe dont le nom signifie "résistance", Jelena se constitue prisonnière parce qu'elle "aime son pays et ne veut pas lui nuire". Désemparés, les policiers gardent cette étudiante de 23 ans, aux couettes enfantines et à l'air moqueur, pendant deux heures. Sans trop savoir qu'en faire. Ils lui posent la question obsessionnelle du gouvernement - "qui est votre chef?" -, la rassurent - "ne vous inquiétez pas, de toute façon, nous n'avons pas de consignes" - et finissent par la relâcher.

La dérision aura-t-elle raison du régime de Slobodan Milosevic? C'est le pari d'Otpor, mouvement de jeunes sans leader, sans hiérarchie, sans organisation, né en novembre 1998, au lendemain de l'adoption d'un décret abolissant l'autonomie des universités pour remplacer les professeurs indépendants par des fidèles du régime. En moins de deux ans, c'est devenu la principale force d'opposition. Ils ont un site Internet (www.otpor.com), des goûts de jeunes Occidentaux nourris de rock américain et de Taxi 2, et n'aspirent qu'à "vivre comme tout le monde". Ce sont des "terroristes de la normalité". "Notre génération a vécu dans un