Mexico envoyé spécial
Ce sont trois édifices imposants et quelque peu défraîchis, enserrant une vaste esplanade. Dans le quartier Insurgentes, au beau milieu du très central paseo de la Reforma, cet ensemble, qui englobe un pâté de maisons, n'a toujours eu qu'un seul nom: "le Bunker". C'est ainsi que les Mexicains ont baptisé le siège du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), sans doute en raison de ses faux airs de QG de parti communiste de l'Est durant la guerre froide. Le Bunker, un nom connu de tout Mexicain, mêlant fascination et crainte. Et pour cause: plus que la Chambre des députés, plus encore que le palais présidentiel sis dans le parc de Chapultepec, le lieu évoque le centre réel du pouvoir. Au lendemain de la cuisante déroute du PRI, après soixante et onze ans aux commandes du Mexique, cette ancienne forteresse ressemble aujourd'hui à un camp retranché qui se serait rendu à l'ennemi.
"Coup de massue". A l'entrée, c'est à peine si les gardes de la sécurité voient passer le visiteur. Sur l'esplanade, une poignée de peones déménagent ce qu'il reste de fils électriques, guirlandes, matériel sono, banderoles vert-blanc-rouge, tout l'attirail prévu pour une nuit de fête qui s'est terminée en pétard mouillé. On se déplace comme des ombres, le visage déconfit. Dans des halls quasi désertés se sent la consternation. Les reporters de radio et télévision mexicaine cherchent avec peine quelqu'un acceptant de témoigner.
Il y a tout de même Nadia, 29 ans, réceptionniste: "C'