Genève
de notre correspondant
C'est un procès sans précédent qui se tient depuis hier à Lausanne. Dans le box des accusés se trouve un espion dont ni la Cour pénale fédérale qui le juge, ni même son avocat, Ralph Zloczower, ne connaissent la véritable identité. Depuis le début, l'histoire est pour le moins farfelue: on y voit des agents du Mossad, le service secret israélien qui est l'un des plus réputés du monde, se comporter comme de parfaits Pieds Nickelés, avant que ne s'ouvre un procès où n'importe quel badaud peut venir observer un espion israélien qui tait son nom avec une belle obstination.
L'accusé qui comparaît depuis lundi a largement reconnu les faits. Toujours membre du Mossad, en ce moment "en cours de formation", il admet avoir participé, en février 1998, à la pose d'un système d'écoute téléphonique, dans la banlieue de Berne. La cible était "un terroriste" qui aurait organisé un attentat à l'explosif en Israël, "un Libanais responsable du centre Ahl-Al-Bait à Berne, une organisation qui appartient au Hezbollah", a-t-il déclaré en hébreu aux cinq juges.
"Monsieur Mossad". Ne sachant trop comment l'interpeller, le président du tribunal s'est adressé à l'accusé en l'appelant une fois: "monsieur Mossad". Au moment de l'arrestation, la police avait trouvé sur lui deux passeports israéliens établis au nom d'Isaac Bental et Jacob Track. En début d'audience, le président de la cour pénale, le juge Hans Wipraechtiger, s'est toutefois assuré que ce mystérieux espion était