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Le double calvaire des malades chinois.

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Les séropositifs subissent la ségrégation et l'ostracisme.
publié le 6 juillet 2000 à 2h51

Pékin correspondance

Song Pengfei a 18 ans. Il est séropositif depuis deux ans. Contaminé par une transfusion sanguine à la suite d'une opération ayant mal tourné dans un petit hôpital de la région du Shaanxi. En 1998, les médecins lui sectionnent une artère par inadvertance et sont obligés de transfuser du sang. La plaie cicatrisant mal, la famille se rend à Pékin pour consulter un meilleur hôpital. "Au bout d'une semaine, le médecin a dit à mon père que j'étais séropositif. On ne m'a rien dit. Ils nous ont expulsés, car l'hôpital n'était pas spécialisé dans les maladies contagieuses. On a été obligés de dormir dans la rue pendant la nuit. Le lendemain, j'ai découvert que j'avais le sida en lisant les inscriptions en anglais sur la porte à l'hôpital pour maladies contagieuses", explique le jeune garçon au visage fin.

La démarche nonchalante, habillé à la mode, le jeune garçon affiche une distance révoltée avec son sort. Car il a non seulement fallu accepter l'idée de la maladie mais aussi la vie de reclus qui commençait. "A la rentrée suivante, j'ai voulu recommencer l'école. Deux avocats qui avaient une attestation du médecin prouvant que je n'étais pas contagieux sont venus avec moi. Mais l'école a refusé de m'inscrire", raconte le jeune homme qui suit maintenant des cours d'informatique pendant deux mois dans une institution ne connaissant pas sa séropositivité. Le retour au village natal pour réunir les preuves de l'erreur médicale a été particulièrement éprouvant. "Plus