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Libération

La Syrie en voie de "bacharisation"

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Sans légitimité politique ni militaire, le fils d'Assad doit asseoir son pouvoir.
publié le 11 juillet 2000 à 2h59

Les Syriens se sont rendus aux urnes, hier, pour un plébiscite destiné à confirmer le choix de Bachar el-Assad comme président du pays pour les sept prochaines années. Le scrutin s'est déroulé dans les bureaux de vote ornés de son portrait. Il est le seul candidat au poste occupé pendant trente ans par son père Hafez, décédé le 10 juin.

Sur une des premières photos officielles, rendues publiques avant son élection à l'unanimité par l'Assemblée du peuple, le 27 juin, on voit le nouveau chef de l'Etat avec une dizaine de généraux syriens du troisième corps d'armée. Entre les officiers et le jeune chef d'Etat, le décalage est saisissant, caricatural. D'un côté, un homme jeune, paraissant tenir un rôle un peu incongru dans son nouvel uniforme de maréchal et commandant en chef des forces armées. De l'autre, des officiers âgés, qui ont l'air d'avoir mené toutes les batailles. Dès lors, on voit mal comment, dans un pays où les militaires jouent un rôle politique de premier plan depuis le coup d'Etat de 1949, Bachar el-Assad pourrait régner sans solliciter à tout moment l'aval de ces hauts responsables militaires. "Le principal handicap de Bachar, c'est qu'il n'appartient pas au corps des officiers qui sont les véritables caciques du régime. A leurs yeux, il n'a aucune légitimité. On voit donc mal comment des généraux qui ont fait deux guerres contre Israël et accompli quarante ans de carrière vont accepter des ordres de quelqu'un qu'ils considèrent au mieux comme un officier subalte