Le vernis idéologique dont s'était paré le groupe terroriste musulman Abu Sayyaf a définitivement craqué pour laisser apparaître la réalité: ces anciens rebelles séparatistes ont viré au pur banditisme. Devenus des professionnels du kidnapping, ils tentent de convertir en devises tout ce qui leur tombe sous la main: touristes, missionnaires évangélistes ou journalistes. Les deux commandants qui ont perpétré la prise d'otages des 21 touristes le 23 avril - "Robot", alias Ghalib Andang, et Mujib Susukan - ont fermement repris en main les négociations et affichent maintenant clairement leurs demandes de rançons. Ils veulent obtenir le plus rapidement possible et dans les meilleures conditions un retour sur leur "investissement". Dans un premier temps, les trois autres commandants, Rabdulan, Global et "Docteur Abu", avaient émis des revendications d'essence politique - établissement d'un Etat musulman dans le sud de l'archipel philippin, création d'une commission d'enquête sur les violations des droits de l'homme dans la province malaisienne de Sabah, reconnaissance par la communauté internationale de la situation défavorisée des musulmans du sud, entre autres. Mais ces leaders sont passés à l'arrière plan et n'ont produit aucune déclaration depuis des semaines. La division entre politiques et mafieux dans ce micro-mouvement de guérilla qu'est Abu Sayyaf (environ un millier d'hommes) est consommée.
"Robot", lui, multiplie les envois de cassettes, émettant des informations contrad