Pékin correspondance
Les filles, à droite de la scène, incarnent des diablotins féodaux, libidineux, ou exploiteurs. "Cette conne de révolution (...). La révolution c'est comme lire la Bible", vocifère la pire, Cruella version SM, gainée de vinyle noir et juchée sur des bottes dominatrices. Une autre reprend: "Les prolétaires ne sont nullement des forces avancées, ce sont les plus arriérés, des ordures." A gauche, les garçons, cintrés dans des bleus de travail, défendent la révolution la poitrine en avant. "La révolution est de faire manger ceux qui ont faim. Là où existe l'oppression vient la révolte." A la fin de la pièce, les acteurs entonnent l'Internationale en brandissant le drapeau rouge frappé du marteau et de la faucille, l'assistance suit le rythme en claquant les mains. La pièce Che Guevara a fait sensation à Pékin fin mai et les scénaristes prévoient bientôt une tournée des universités.
Température. Salles combles, invectives ou louanges, la troupe de la pièce a tout essuyé. Les jeunes adorent, mais certains adultes, blessés par ces harangues sur une révolution revisitée mode, détestent. "Quand c'est le parti qui parle de révolution, personne n'y prête attention! Mais je me rends compte qu'on a heurté beaucoup de spectateurs en disant par exemple "protéger le socialisme jusqu'à la mort", estime Huang Jisu, auteur de la pièce controversée. On nous accuse de surfer sur l'idéologie à la mode avec nos attaques contre l'impérialisme américain, mais ce qui est à la mode,