Strasbourg

de notre correspondante

Avril 2000. Nicole Fontaine, 58 ans, présidente (PPE-UDF, France) du Parlement européen, vient juste de terminer sa réponse au président autrichien, Thomas Klestil, qui s'est invité à Strasbourg. A gauche, l'hémicycle l'applaudit. A droite, une grande partie des eurodéputés reste ostensiblement assise, bras croisés, furieuse de ses appels au "devoir de mémoire" et de ses admonestations à l'Autriche ("ne pas relativiser l'intolérable"). Quelques instants plus tard, Nicole Fontaine va saluer les opposants autrichiens réunis à l'initiative de la gauche. Ce jour-là, la présidente se met une partie de ses propres amis politiques à dos. Elle n'en a cure, d'autant que ce n'est pas la première fois.

"Révolutionnaire". Quelques mois plus tôt, lors du sommet européen de Lisbonne, elle avait stigmatisé "le capitalisme débridé qui, au travers des délocalisations, pratique le dumping social (...) et fait passer le profit maximal avant le sort des hommes et des femmes au travail, heurte leur conscience et provoque des drames autant collectifs que personnels". Les députés britanniques et allemands du PPE la traitent de "révolutionnaire". Sommée de venir s'expliquer devant le groupe, Nicole Fontaine persiste: "Je leur ai proposé l'organisation d'un vrai débat sur le sujet, ils n'ont pas voulu." Elle ajoute: "Je suis la présidente du Parlement européen, pas d'une tendance."

Depuis un an à la tête de l'assemblée strasbourgeoise, Nicole Fontaine a réussi à s'impo