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Libération

Tunisie : les droits de l'homme interdits de séjour.

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Ben Ali refoule une délégation de la FIDH et d'Amnesty.
publié le 12 juillet 2000 à 3h01

Le comique de répétition est décidément une spécialité du président tunisien Zine Ben Ali. Après sa réélection en octobre avec le score ahurissant de 99 %, des diplomates occidentaux lui avaient recommandé d'avoir l'urne un peu plus décente au coup suivant. Et voilà que six mois plus tard, le RCD, parti présidentiel, raflait les municipales avec le même pourcentage. De la même façon, il y a dix jours, Tunis avait promis de rétablir des relations avec deux organisations de droits de l'homme, interdites depuis des années. Las, Patrick Baudoin, de la FIDH et Donatella Rovera d'Amnesty ont été refoulés hier à l'aéroport de Tunis. "Une décision qui n'honore pas celui qui l'a prise", remarque Baudoin.

Cette nouvelle fâcherie de Ben Ali donne l'illustration du fonctionnement de cet Etat, dont les atteintes graves aux libertés ont encore été dénoncées le 16 juin par le Parlement européen. D'un côté, les autorités n'ont à la bouche que les mots "droits de l'homme", qui servent à baptiser tout ce qui se voit, des stations de métro aux conseillers de la présidence. Mais, au même moment, les tortures, les arrestations arbitraires et les intimidations continuent dans l'ombre. Les pressions internationales s'intensifiant, le fossé entre le discours officiel et la réalité s'est encore creusé. Des prisonniers politiques ont ainsi été libérés après une campagne nationale et internationale. Des opposants connus se sont vu rétablir certains droits. Mais, le 1er juillet, ces mêmes contestataires