Des volontaires enterraient hier dans une fosse commune les restes carbonisés des 300 victimes de l'explosion d'un oléoduc près de Wari, dans le sud du Nigeria. Le drame s'est produit alors que des villageois étaient en train de siphonner du carburant d'un oléoduc qu'ils avaient percé, pour le vendre illégalement sur le bord des routes. Cette activité, du voleur au consommateur, est extrêmement courante dans le sud sous-développé, en manque de routes, d'écoles, d'hôpitaux alors qu'il est assis sur un tas d'or: le sud produit l'essentiel du brut d'un pays aujourd'hui classé au 5e rang des producteurs de pétrole. Pas étonnant dans ces conditions que des troubles à répétition agitent la région. Alors même qu'explosait l'oléoduc, cinq policiers et 25 jeunes ont trouvé la mort à la suite d'affrontements près de la même ville de Wari. Les jeunes, armés, manifestaient contre le détournement de sommes d'argent fournies par une compagnie pétrolière et destinées au développement de la zone. C'est la cinquième fois depuis janvier que des manifestations y dégénèrent alors que sur l'ensemble du sud pétrolifère quelque 300 personnes ont été tuées depuis le début de l'année. L'armée intervient fréquemment et bénéficie parfois du soutien logistique des compagnies pétrolières étrangères, ainsi l'américain Chevron début 1999.
Qu'il quitte le pays par Port Harcourt (terminal pétrolier du sud) ou remonte vers le nord via plus de 5 000 kilomètres de pipe-lines, le pétrole ne rapporte pas grand ch