Palma de Majorque
envoyé spécial
Avec ses cultures en terrasses, ses pinèdes à flancs de montagne, ses criques où viennent s'échouer des eaux turquoises et ses pierres médiévales, Banyalbufar fait de la résistance. Non que ce village se refuse au tourisme: si l'on excepte une poignée de retraités, trois agriculteurs et un pêcheur, les 560 habitants vivent, directement ou non, des trois hôtels et des onze bars et restaurants, tous avec vue imprenable sur la côte occidentale, dentelée et sauvage, de l'île de Majorque. Pourtant, à l'inverse des communes voisines, Banyalbufar n'entend pas se faire croquer par les promoteurs.
«On nous prend pour des irréductibles, mais, à terme, je sais que nous avons raison», explique Manuel Romero, maire et agriculteur. En 1995, une coalition de gauche a pris le pouvoir municipal et, en pionnière, a adopté des mesures ultraprotectionnistes. Il était temps: deux ans auparavant, Richard Branson, patron de Virgin, avait mis la main sur 6 km2 de terrain pour les urbaniser. Désireuse d'éviter le bétonnage de la moitié de ses côtes, la mairie bloque le projet. «Aujourd'hui, on a négocié avec Branson et on a pu limiter les dégâts, poursuit Manuel Romero. Ce sera du haut standing discret. Depuis, on passe notre temps à résister à une pression immobilière féroce. Je ne suis pas prêt de succomber à ce piège.» Autrefois considérée comme une verrue anachronique, Banyalbufar est aujourd'hui citée en exemple. En champion de la préservation du milieu naturel.
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