Durban envoyé spécial
Le docteur De Cock dirige le service de surveillance des maladies infectieuses du CDC (Centre de contrôle des maladies) à Atlanta. Depuis des années, ce fin observateur suit les méandres et les accélérations de l'épidémie du sida. «La question la plus troublante, aujourd'hui, c'est l'extrême hétérogénéité de l'épidémie à travers le monde. Il y a des différences majeures, déjà dans les pays occidentaux ; l'épidémie, aux USA, est entre deux à huit fois plus forte que dans les pays européens. Et il y a des différences énormes, bien sûr, entre pays du Nord et du Sud.»
A Durban, une étude épidémiologique vient d'apporter un élément décisif pour mieux saisir l'extrême éclatement de cette épidémie mondiale, mettant en avant les liens massifs entre le virus du sida et la présence du virus de l'herpès génital (1) dans l'emballement épidémique qui est en train de détruire l'Afrique australe. L'étude, réalisée par le docteur Bertrand Auvert, épidémiologiste, a consisté à interroger plus de 1 500 jeunes filles et jeunes garçons de 15 à 24 ans, d'un quartier de Carltonville, près de Johannesburg. Les données sont claires ; à 15 ans, très peu de filles sont séropositives, puis le taux va monter de façon continue, régulière et inexorable, pour atteindre le taux ahurissant de 66,7 % à 24 ans pour les jeunes filles. «Entre 16 et 24 ans, elles ont en moyenne entre deux et trois partenaires, note Bertrand Auvert. On est loin des exagérations occidentales sur la sexualité af