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Libération

Les chinois ne veulent plus se laisser polluer la vie

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Ils multiplient les actions en justice pour lutter contre les rejets industriels.
publié le 18 juillet 2000 à 2h20

Pékin intérim

Flaques d'eau d'un noir d'encre, arbres grisâtres, fenêtres bâchées pour se protéger de la poussière de charbon. Le quartier résidentiel de Tuoli, à une trentaine de kilomètres de Pékin, subit l'usine voisine comme un calvaire. Chen Caiying habite à quelques pas de l'usine de traitement du charbon, qui concasse à longueur de journée, libérant une poussière de charbon collante et tenace. «Cinq de nos voisins ont un cancer. Quand il y a du vent on ne voit même pas la couleur du ciel», s'insurge-t-il, tout en exhibant pour preuve un doigt noir passé sur le rebord de la fenêtre. Les sacs de riz dans la cuisine sont également recouverts de cette poussière collante et le linge sèche à l'intérieur sur la télévision.

Depuis deux ans, ce Pékinois au chômage tente de contraindre l'usine à restreindre ses émissions dangereuses en contactant diverses administrations. Peine perdue. «Ils me disent que la pollution est un héritage de l'histoire. Depuis ils balaient la poussière de la route mais la laissent sur les bas-côtés!»

Insultes. En début d'année, Chen Caiying intente un procès contre l'usine avec 27 familles du voisinage. Les résidents perdent. «Non seulement ils ne nous indemnisent pas mais le secrétaire du Parti et sa femme sont venus nous insulter et nous battre. Ils ont même frappé un malade du cancer», raconte-t-il. Le groupe de résidents a maintenant fait appel auprès de la cour de Pékin. «Je leur ai demandé si ce genre de décision n'était justement pas ce que les A